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Au pied du chêne

C’est au spectacle que nous entraîne Song Hyunjoo, celui de la forêt et de ses hôtes plus ou moins discrets, mais toujours si plaisants à observer : avec elle, ouvrons le rideau !

©Song Hyunjoo/Didier Jeunesse, 2022.

Quel plaisir de retrouver Song Hyunjoo qui nous avait régalé.es avec Cache-cache paru aux éditions Amaterra ! Cette fois-ci c’est à une balade en forêt que l’autrice convie ses jeunes lecteurs. Un petit écureuil voit tomber un gland devant lui. Las, même si le petit animal est rapide, le gland tombe sur un gros serpent vert et le réveille, et l’écureuil se réfugie dans l’arbre pour échapper au prédateur. De là, il va voir passer, surveiller, de nombreux animaux de la forêt, du blaireau à l’ours brun en passant par un mère sanglier et ses marcassins, un renard, un cerf et des biches aux grands yeux, et même un chat sauvage en cavale, qui diffèrent la récupération du fruit convoité ! Avec les oiseaux et les papillons, Song Hyunjoo offre à l’enfant un joli spectacle de nature où son interprétation stylisée mais très réaliste dans le rendu des expressions corporelles, fait merveille ! Elle met en scène avec beaucoup d’humour les interactions entre animaux, ou leur évitement, avec un petit commentaire qui joue bien son rôle d’entraînement, et les pages se tournent toutes seules pour voir comment l’écureuil va s’en sortir, qui va débouler cette fois-ci… Il y a du conte dans cet album : la forêt, les épreuves, la ritournelle née du défilé des animaux, et le plaisir de dire à voix haute même si le texte est minimaliste. Pas étonnant qu’il paraisse aux éditions Didier Jeunesse.

La double page fonctionne comme un dispositif scénique : au sol, le devant de la scène, une frise de fleurs sauvages et de tendres feuillages se détachent sur le fond noir de la terre comme autant de petits lampions colorés. L’œil est arrêté par la limite de la page, et le ciel est invisible, comme s’il était trop haut et bien caché par les feuillages. La couleur noire est aussi celle du tronc de l’arbre d’où est tombé le gland. Il est au centre, à la pliure, et structure le récit comme un pivot avec à sa gauche l’entrée, et à sa droite la sortie de scène. La couleur se concentre sur cette zone centrale alors que sur les côtés les troncs les feuillages et même les oiseaux ou les insectes sont tous peints dans un camaïeu de gris qui permet la mise en relief des uns par rapport aux autres, mais qui accentue surtout la focalisation du regard sur ce qui est mis en lumière par la couleur. Les animaux en vedette et en couleur dans chaque séquence sont magnifiés par le traitement en finesse de leurs attitudes, leurs postures, ce qui donne beaucoup de charme et de poésie à l’album dans son ensemble.

©Song Hyunjoo/ Didier Jeunesse

Le cerf et le faon font même l’objet d’un gros plan en hommage sans doute à leur grâce et à leur majesté. Et le petit écureuil qui fait les commentaires reste celui qu’il faut retrouver dans l’image, comme un clin d’œil au chiot invisible de Cache-cache.

Quand un grand ours noir vient se gratter le dos comme Baloo au tronc du chêne, c’est une pluie de glands multicolore qui dégringole sur la double page : « Il pleut des glands ! ». C’est la fête pour l’écureuil !

Une très jolie et douce fantaisie forestière à découvrir absolument et à relire en gloussant !


Au pied du chêne
SONG Hyunjoo
Didier Jeunesse, 2022, 14€50

Documentaliste dans l' Education Nationale, et très impliquée dans la promotion de la littérature pour la jeunesse, j'ai découvert la production coréenne il y a plusieurs années, et j'ai été emballée! Je m'attache donc dans Keulmadang à en partager les délices avec les lecteurs, sans m'empêcher parfois de chroniquer un roman ou une bande dessinée pour les plus grands.

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