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La fabuleuse laverie de Marigold

Dans la lignée des lectures feel good, Yun Jungeun se propose de laver vos âmes blessées et souvenirs douloureux à "La fabuleuse laverie de Marigold".

© Éditions Nami

Le bandeau encerclant le livre indique qu’il est « le livre le plus vendu en Corée », ce qui est toujours de bonne augure même si parfois il faut s’en inquiéter. Ce roman est bon exemple de livre feel good, à vocation réparatrice pour âmes meurtries. Lisons la présentation de l’éditeur : « Sur une colline de la ville côtière de Marigold, une mystérieuse laverie est apparue comme par magie dans l’obscurité de la nuit. Jieun, l’énigmatique propriétaire, a imaginé un endroit où l’on peut entrer sans crainte, un lieu où l’on soigne les âmes comme on prend soin des vêtements… […] Une exploration émouvante des liens intimes entre la joie, la tristesse et le bonheur, portée par des personnages en quête de même. »

Le rêve et le souvenir semblent être revenus à la mode (Le grand magasin des rêves), tout comme les lieux clos (L’odeur des clémentines grillées). Avec La fabuleuse laverie Marigold, les souvenirs embarrassants, éprouvants, peuvent être effacés, bien qu’ils aient contribués à fabriquer l’identité de l’individu candidat à l’effacement. L’époque est au choix, ce dont on veut se souvenir, ce que l’on veut oublier, comme produit d’une civilisation axée sur la liberté de choisir les moments fondamentaux d’une vie. Le texte, abondamment dialogué, séduira par l’idée même d’une deuxième chance. Si le souvenir ne peut être évité, il peut en revanche être « lavé » dans la grande laverie d’une vie sans scorie, correspondant à l’air du temps, vivre avec des pensées confortables, des souvenirs sages, des rêves prometteurs.

On peut comprendre que dans un monde où les raisons de s’inquiéter sont plus nombreuses que les raisons d’espérer, le désir d’une nouvelle et permanente virginité de l’âme nous amène à vouloir se débarrasser de ce qui nous encombre, qui nous embarrasse, nous gêne, nous empêche d’aller de l’avant. Une vie à la carte en quelque sorte. Est-ce le rôle de la littérature de la promouvoir ? Mais La fabuleuse laverie de Marigold n’est pas dupe. Laissons-lui la conclusion sous forme d’exergue, dès la première page :

« Et si… Et si vous pouviez revenir sur les choix que vous regrettez, si vous pouviez effacer les tâches laissées par la douleur, les blessures enfouies dans votre cœur, seriez-vous heureux ? Suffirait-il vraiment de les effacer pour trouver le bonheur ? »


La fabuleuse laverie de Marigold
Yun Jungun
Traduit du coréen par Irène Thirouin-Jung
Éd. Nami, 2024, 20,90€

1 commentaire

  1. Catherine Weisz dit :

    MERCI pour cette proposition