Ce livre au titre prometteur, présenté comme un roman est en réalité une suite de textes ayant le même narrateur, placé dans différentes aventures.
La première nouvelle présente un intérêt sociologique indéniable sur un thème peu couru dans la littérature coréenne, les amours homosexuels d’un narrateur plongé dans la dépravation, multipliant les partenaires, ivre presque tous les jours. Dans la Corée contemporaine, traiter de l’homosexualité n’est pas affaire courante, bien que jour après jour, les mœurs se détendent. Une célébrité homosexuelle présente depuis plusieurs années dans de nombreux dramas a contribué à lever le voile sur les amours interdits. Dans cette première nouvelle, la vie de Jaehee, croqueuse d’hommes, et de « Jieun », homosexuel croqueur d’hommes, unis dans une amitié sincère, s’interrompt avec le mariage de Jaehee.
Les trois autres nouvelles nommées « parties » sont consacrées aux amours du narrateur sur fond de maladie de sa mère, de laquelle presque aucun détail nous est épargné. Il faut bien le dire, en comparaison de la première nouvelle, l’intérêt du livre baisse un peu. D’ailleurs la 4e de couverture est entièrement construite par l’éditeur sur la première nouvelle. C’est tout à fait dommage car la vie de Jaehee et de « Jieun » aurait mérité une suite, tant ce « couple » atypique dans une Corée encore corsetée, en prise aux difficultés sociales comme sexuelles pouvait apporter un éclairage littéraire nouveau, surtout avec un titre aussi générique.
S’aimer dans la grande ville
Park Sang Young
Traduit du coréen par CHOI Kyungran et Pierre BISIOU
À paraître le 21 août 2024
La Croisée, 272 pages, 21,10€