C’est assez répandu, les petits enfants n’apprécient pas leurs visites chez le médecin. Mais ils sont aussi souvent fascinés par les dinosaures, comme Kyung Hye-won l’auteure de L’hôpital des dinosaures ! Cet album entremêle information scientifique et thème de la vie courante sur un ton plein d’humour, pour dédramatiser une situation de vie délicate par le biais de l’exploration d’un thème de prédilection chez les enfants. L’éditeur Versant sud Jeunesse renoue ici avec l’exploration des peurs enfantines, mise en avant dans la collection « Les pétoches ».
Dès les contreplats, l’ambiance est donnée : c’est le matin dans un paysage désertique, et le premier patient se dirige vers l’entrée de ce grand bâtiment, l’hôpital qui lui est réservé, l’hôpital des dinosaures. C’est un stégosaure, dont l’allure en fait une cible désignée pour les moqueries.
Chaque patient voit son cas décliné en quatre doubles-pages : la première met en scène une consultation, la deuxième présente les caractéristiques de l’espèce rédigées sous forme de fiche médicale. La troisième affiche une radiographie complète du squelette, le diagnostic est posé, et le problème résolu ; enfin sur la quatrième double-page, un texte documentaire développe les informations sur l’espèce, les particularités en relation avec la pathologie prétexte du récit : ce « pas à pas » dans la démarche est un gage de lisibilité.
Le fait que chaque consultation ait un déroulement semblable, identifiable, est rassurant pour l’enfant. Le dessin de ces dinosaures est à la fois réaliste et humoristique, avec des expressions reconnaissables et des répliques vraisemblables. L’idée de la radiographie permet de développer des informations scientifiques compréhensibles pour les petits, et chaque propos est toujours accompagné de quelques croquis pleins d’humour qui retiennent l’attention et facilitent la compréhension.
Tout est limpide : la succession des séquences, l’illustration, la mise en page, le contenu textuel et sa présentation avec une police de caractère très lisible, des dialogues qu’on peut suivre facilement grâce au petit médaillon qui reprend la tête du dinosaure à chacune de ses répliques.
Le fait de ne découvrir l’identité du praticien qu’à la fin de l’album est une belle astuce pour focaliser l’attention sur son discours toujours bienveillant et compréhensif : c’est le rôle du médecin, et l’enfant développe un sentiment de confiance envers celui qui écoute et résout tous les problèmes qu’il transposera on l’espère, à sa propre expérience de petit consultant.
L’infirmière est une petite poule colorée, et un élément important de la dynamique de l’album. Les dernières images lui sont dédiées pour boucler la boucle de cette histoire très instructive sur un éclat de rire !
Cet album est une réussite. De la belle ouvrage telle que savent la réaliser les auteurs coréens sensibilisés à l’impératif éducatif, à la spécificité du public enfantin, tout en soignant toujours la qualité du dessin, et privilégiant l’humour pour faire passer le message, on pense à ces albums publiés aux éditions du Ricochet dans la collection « ohé, la science » : Le tigre mange-t-il de l’herbe, Le voyage du pollen ou encore Tu ronfles Papa Éléphant ! aux éditions Le Pommier, mais aussi à l’inénarrable Monsieur Ours qui veut qu’on le laisse tranquille ou Monsieur Papa et les 100 gouttes d’eau de Noh In-kyung, ou La soupe de maman baleine de Yana Lee, qui au travers d’un récit de fiction, délivrent un message sur la parentalité par exemple. La littérature jeunesse coréenne serait-elle destinée aux enfants, mais aussi à leurs parents ? Faciliterait-elle la communication entre eux ? Autant de projets qui rendent la pilule éducative tellement moins amère… En tout cas, c’est une belle aventure littéraire et scientifique que cet Hôpital des dinosaures de Kyung Hye-won.
L’hôpital des dinosaures
KYUNG Hye-won
Traduction assistée par Hannah CHUNG
Editions Versant Sud Jeunesse, 60 pages, 17,50€
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