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Lee Seung-u parle de son dernier roman : Voyage à Cantant

Dans une interview réalisée pour la parution de son dernier roman en France, Lee Seung-u nous parle de "Voyage à Cantant".

Lee Seung-u, interview réalisée pour la parution de son dernier roman en France : Voyage à Cantant (Decrescenzo Éditeurs, 2022)

Q. Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de Voyage à Cantant ?

Je dirais qu’il y a raisons principales. La première, je voulais écrire à propos d’un individu qui s’adapte ou forcé de changer sous l’influence du temps et de la société. C’est une préoccupation constante chez moi, cette question. La deuxième raison voulait que j’écrive particulièrement sur façon dont notre passé domine souvent notre présent. Troisième raison, à l’époque où j’écrivais ce roman, j’étais en train de relire Moby Dick, et certainement l’influence de ce roman s’est-elle fait sentir. Quatrième raison, j’ai séjourné un an À Aix-en-Provence en 2019, pendant mon année sabbatique de l’université. Une expérience inhabituelle de vivre en tant qu’étranger dans un monde dont la langue était incompréhensible constitue la sensibilité intérieure de ce roman.

Q. Il est rare dans votre œuvre de voir un roman se dérouler en dehors de la Corée.

L’écrivain n’est pas capable d’écrire un autre monde que celui dans lequel il vit. Surtout un écrivain n’ayant pas une grande imagination tel que moi. Personnellement je n’aime pas tellement le voyage, et je n’ai pas beaucoup d’expérience de séjours à l’étranger. Sans doute, écrire ce roman en séjournant dans un lieu inhabituel, dans un lieu étranger, a eu pour conséquence que ce roman se déroule naturellement en dehors de la Corée.

Q. Dans Voyage à Cantant il y a un rite ancien que vous réhabilitez.

 Je suis un écrivain de nature religieuse, en quelque sorte tourné vers la recherche du sens. Je pense que l’aspiration au salut se trouve profondément enfoui dans l’inconscient mais présent dans chacun de nos actes quotidiens et dans nos coutumes. Notre vie est imprégnée d’un rite disparu dont la forme a été modifiée.  J’ai un grand désir de prêter attention à ce qui n’est pas révélé, à ce qui n’est pas dévoilé, ce qui est implicite, sous-entendu.

Q-Pour quelle raison, vous avez choisi le prénom de Pip, pour l’un de vos personnages, qui est aussi celui d’un personnage de Moby Dick ?

Je songe à ce qui est rare, tel un corps sans âme ou une âme sans corps qui erre dans un monde dans lequel il arrive des histoires, le monde de la mer, et mais qui vit intensément des moments très forts, tel le Pip de Moby Dick.

Q-Presque tous vos romans remportent un Grand Prix littéraire. Voyage à Cantant n’a pas échappé à la règle puisqu’il a remporté le prix Oh Young-su. Qu’est-ce que vous inspire cette distinction ?

En général, je manque de confiance en ce que je fais.  Et je ne pense pas que j’ai un talent particulier. Il se peut que je manque d’estime de soi. C’est la raison pour laquelle je prends parfois la pose d’être indifférent à la valeur de ce que je fais. En réalité, c’est pour me protéger contre l’indifférence de ce monde. Mais j’avoue que ce n’est pas toujours évident. Remporter un prix littéraire paraît me dire que je ne fais pas trop de choses inutiles, trop vaine. Un Prix littéraire m’encourage.